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Mary, l'amour assassiné de JFK

Le 12 octobre 1964, peu après midi, deux coups de feu retentissent le long du Potomac, à Washington D.C. Mary Pinchot Meyer, 43 ans, s'effondre sur le chemin de halage bordant le fleuve de la capitale, où elle se promenait. Une balle s'est logée dans la tête, l'autre a été tirée dans l'omoplate. Très rapidement, la police arrête un marginal de 25 ans, Raymond Crump, soupçonné d'avoir tenté de la violer. Sauf qu'aucune agression sexuelle n'a été constatée. Un an plus tard, un procès l'innocente et depuis. rien. Le meurtre de Mary Meyer reste l'un des cold cases les plus brûlants de l'histoire américaine. tout comme celui de son amant, John Fitzgerald Kennedy, assassiné à Dallas le 22 novembre 1963.

Ce double mystère a suscité de nombreuses théories, souvent complotistes. Alexandra Echkenazi, ancienne journaliste du « Parisien », aujourd'hui scénariste, y a puisé la source d'un roman qui offre une plongée saisissante dans l'Amérique de l'après-guerre, et un joli portrait de femme. Le fil rouge de cette tragique histoire, c'est le journal intime de cette artiste peintre, née dans une famille de la grande bourgeoisie intellectuelle aux lointaines origines françaises. Or ce carnet a disparu.

Dans ses Mémoires, le journaliste Ben Bradlee — beau-frère de Mary et futur patron du « Washington Post » — affirme avoir surpris James Angle-ton, le big boss du contre-espionnage à la CIA et parrain des enfants du couple Meyer, fouiller dans la maison de la défunte après avoir forcé la serrure. A la recherche, très certainement, du fameux journal. Quels secrets explosifs contenait-il? Mary y consignait peut-être le cours de sa liaison avec JFK. Celle-ci aurait commencé en octobre 1961, lors de la première visite nocturne à la Maison-Blanche notifiée par la sécurité de la présidence. Une trentaine d'autres suivront — et ce ne sont que les officielles — jusqu'en novembre 1963. Les deux quadras se connaissent depuis longtemps. Leur première rencontre se déroule en 1936, au cours d'une fête étudiante. Elle a 16 ans, lui 19 et déjà une réputation de séducteur. Malgré les assauts de « Jack », Mary ne cède pas. En 1945, elle épouse Cord Meyer, qui deviendra un haut gradé de la CIA.

Le 18 décembre 1956, un de leurs trois fils, Michaël, meurt écrasé par une voiture. Dévastée, Mary se sépare de son mari et se réfugie dans la peinture. Son déménagement à Georgetown, le quartier où se concentre l'élite de Washington, en fait une voisine du couple Kennedy. Le rapprochement est inéluctable. Doté d'une libido hyperactive due sans doute aux médicaments, Kennedy multipliait les conquêtes d'un ou deux soirs. Ce séducteur invétéré n'avait-il pas déclaré en 1961 au Premier ministre anglais. « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. »

Mais entre ces deux vieilles connaissances, il y a très certainement plus que du sexe. de l'amour, comme le confiera quinze ans plus tard le journaliste et confident du président James Truitt. Mary est belle, intelligente, émancipée, blessée aussi. « Elle n'a pas le profil de la proie que chasse habituellement JFK, et elle se fichait qu'il couche avec tant de femmes », explique Alexandra Echkenazi, qui y voit un « grand amour de la maturité ». « Elle n'était pas fascinée par le pouvoir comme Marylin ou même Jackie qui se rêvait en châtelaine à la Maison-Blanche. Cet homme en qui tout le monde avait placé tant d'attentes pouvait être vraiment lui avec MaryIls s'aimaient, j'en suis convaincue. » En tombant sous les balles à moins d'un an d'écart, les deux amants ont emporté leurs secrets.

« Le Journal de Mary », d’Alexandra Echkenazi, Ed. Belfond, 278 pages, 8,50 €.

C.D.S. Le Parisien